Décidément, la mode est aux embolies veineuses
Airbus et Boeing se lancent dans la course au vol le plus long du monde
Airbus et Boeing se disent prêts à répondre à l'appel d'offres lancé par la compagnie australienne Qantas, pour un appareil capable de relier sans escale Sydney à Londres en 20 heures, à l'horizon 2022.
Qui de Boeing ou d'Airbus remportera le défi technologique lancé par Qantas : relier sans escale et à pleine charge Sydney à Londres ? Annoncé lors de l'assemblée générale de l'Association internationale du transport aérien (IATA), le « projet Sunrise » de la compagnie australienne, de relier d'une seule traite la côte est australienne à l'Europe ou à la côte est des Etats-Unis en 2022, a fait le buzz parmi les représentants des 290 compagnies aériennes, dont certains avaient dû faire jusqu'à trois escales pour rejoindre Sydney.
Mais ce défi a aussi réussi à attiser la rivalité entre les deux avionneurs. Bien que le marché des vols de 15 à 17 heures soit encore limité à une trentaine de liaisons, sur les 21.000 lignes régulières actuelles, ce nouveau segment de marché fait figure de test pour les performances des nouveaux biréacteurs long-courriers d'Airbus et Boeing.
A350-900 contre B787-9 et B777-8
Prévu pour 2019, l'appel d'offres de Qantas devrait ainsi opposer l'actuel Airbus A350-900 au futur Boeing 777-8, l'une des nouvelles versions modernisées de l'actuel « triple-7 », attendue pour 2022. En début d'année, Qantas avait déjà ouvert le match, en inaugurant la première liaison non-stop entre Londres et l'Australie - 14.483 km à vol d'oiseau et 17 h 20 de vol en conditions réelles - au moyen d'un Boeing 787-9.
Une première qui fait dire à Randy Tinseth, le directeur marketing de Boeing, que son entreprise est la mieux placée pour remporter la compétition sur Sydney. « Le 787-9 a ouvert le marché des très long-courriers, avec 22 ouvertures de lignes au cours des deux dernières années, et des vols de 16 heures à 17 heures comme San Francisco/Singapour, Los Angeles/Singapour ou Londres/Perth, souligne-t-il. Le 777-8 sera encore plus efficace, avec un rayon d'action supérieur d'un millier de miles, qui permettra des vols de plus de 20 heures. »
Le vol le plus long du monde en Airbus
Ce n'est évidemment pas l'avis d'Airbus, où l'on fait remarquer que le 787 utilisé sur Perth ne comporte que 236 sièges, contre près de 300 en configuration biclasse ordinaire, afin de réduire le poids et d'allonger le rayon d'action. « Le Londres/Perth est en fait un Londres/Brisbane avec escale », persifle-t-on chez Airbus.
Des limites que l'avionneur européen se fait fort de pouvoir dépasser dès aujourd'hui, avec l'actuel Airbus 350-900, ainsi qu'avec la version allongée A350-1000. Airbus en veut pour preuve le lancement par Singapore Airlines d'un vol non-stop Singapour/New York Newark en A350-900 LR, à compter du 10 octobre, qui sera le vol plus long du monde, d'une durée de 19 heures.
Un marché de 50 à 100 appareils
« Notre concurrent parle d'un appareil qui n'existe pas encore ; nous, nous avons déjà l'A350-900 LR qui vole avec Singapore Airlines, souligne Eric Schulz, le nouveau directeur des ventes d'Airbus. Nous travaillons sur l'appel d'offres de Qantas et nous avons aussi trois autres opérateurs qui s'intéressent à la version à très long rayon d'action de l'A350. »
Selon le successeur de John Leahy, ce marché des vols très long-courriers représenterait entre 50 à 100 appareils.
Les passagers prêts pour des vols de 20 heures ?
De quoi redessiner un peu la carte mondiale du transport aérien, en permettant notamment aux compagnies d'Asie-Pacifique de multiplier les vols non-stop transpacifiques. A condition toutefois que la clientèle suive.
Car de l'avis des experts du transport, la limite aux vols très longs courriers n'est plus tant technologique qu'humaine : « Les passagers sont-ils prêts à supporter des vols de 20 heures et plus ? », s'interroge l'un d'eux.
Le PDG d'Emirates y croit
Le président d'Emirates veut y croire. « Quand nous avons lancé les premiers vols non-stop de 16 heures pour Los Angeles, on s'est moqué de nous, en disant que les passagers ne le supporteraient jamais », rappelle-t-il.
En revanche, Tim Clark ne croit pas que ces nouvelles liaisons sans escale impacteront l'activité des grands « hubs » comme celui de Dubaï. « Nous desservons 144 destinations depuis Dubaï, souligne-t-il. La plupart de ces destinations ne seront pas reliées directement entre elles de sitôt. »
Bruno Trévidic
source:
https://www.lesechos.fr/industrie-servi ... 181327.php
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