A la Une
Air France et KLM testent un Big Brother pour bagages
par Ingrid Vergara
Air France et KLM testent une puce d'identification par radiofréquence (RFID) sur les étiquettes des bagages. Objectif : pouvoir suivre le cheminement des valises en temps réel, afin de réduire le coût des nombreux bagages égarés chaque année.
Si tout se passe bien, les étiquettes à code barre qui ornent les bagages des passagers d'avions seront bientôt remisées au musée des vieilleries. A partir de mardi pour Air France et du 10 juillet pour KLM, les voyageurs d'affaires des vols entre Paris Charles-de-Gaulle et Amsterdam Schipol, ou plus exactement leurs valises et leurs sacs, seront les cobayes d'une expérience en première mondiale. Au lieu d'un code barre, leurs étiquettes seront en effet dotées d'une puce RFID (radio frequency identification), ce qui permettra, via des capteurs-lecteurs placés dans l'aéroport, de suivre les bagages à la trace. Des puces seront également encodées sur les conteneurs bagages. Ainsi, les compagnies pourront localiser en temps réel les bagages. Un passager ne trouvant pas sa valise à son arrivée à Paris pourra savoir immédiatement si elle est bien quelquepart à Roissy, si elle est restée à Amsterdam, et le délai d'attente pour la récupérer. A plus long terme, cela pourrait aussi permettre de communiquer aux passagers d'un vol le temps d'attente avant que leurs bagages n'arrivent sur le tapis du carrousel. « En plus des vols Paris-Amsterdam, nous testerons cet été cette technologie sur les vols Paris-Tokyo », précise Pascal de Izaguirre, directeur général exploitation d'Air France. Ce test sur un vol longue distance pourrait concerner l'ensemble des passagers de l'avion. Air France et KLM feront un premier bilan dans huit ou neuf mois. Coût de l'investissement pour les deux compagnies : 300.000 euros.
Les compagnies espèrent bien sûr un retour sur investissement plus important. Car, outre l'amélioration du service rendu au passager, il s'agit d'économiser des millions d'euros dépensés chaque année à cause des bagages perdus. British Airways, qui a dû renoncer à l'expérience annoncée en 2005, avait estimé à 600 millions d'euros les économies réalisées en réduisant à zéro le taux de bagages perdus, à raison de 82 euros versés par valise perdue aux voyageurs (assurance, frais d'envoi des bagages réacheminés) et 18 bagages perdus sur 1.000 transportés. Chez Air France, on refuse de communiquer le coût des bagages perdus. D'après les chiffres de l'association des compagnies européennes (AEA) du premier trimestre 2006, le taux de bagages qui ne suivent pas à temps leur propriétaire est de 16 pour 1000, pour Air France et de 14,6 pour KLM quand la moyenne des compagnies européennes tournent autour de 15,2 pour 1000. Compagnie pilote de l'association internationale des transporteurs aériens dans le domaine des nouvelles technologies, Air France et son test seront observés de très près par toutes les autres compagnies aériennes, qui partagent les mêmes problématiques. Air France déclare ne pas s'être fixé d'objectifs chiffrés pour juger de la réussite du test, mais espère réduire « de façon significative » le délai d'attente pour les passagers. A la fin du test, l'aéroport de Roissy devrait être équipé d'une dizaine de capteurs-récepteurs. Les aéroports devront aussi mettre la main au porte-monnaie pour généraliser la pratique.
