Mort d'un grand alpiniste

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JumpSeat
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Mort d'un grand alpiniste

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René Desmaison
Avec à son palmarès un millier d'ascensions à travers le monde, il figurait parmi les grands alpinistes français, mais il avait aussi provoqué des polémiques lors de la publication de photos d'un sauvetage dans les Drus

Alpiniste phare des années 1960 et 1970, René Desmaison est mort vendredi 28 septembre à l'hôpital de la Timone, à Marseille. Il était âgé de 77 ans. Ses grandes ascensions hivernales et ses aventures dans les Andes ont tenu en haleine le public français.

Dur au mal, René Desmaison avait le don de faire partager ses batailles dans les parois : un alpinisme de combat, de tempête et de lenteur, où les pierres sifflent aux oreilles et les mains se raidissent de gel, où les bivouacs sans sommeil s'achèvent sur des jours blafards, avec l'espoir que tout ça s'arrête enfin. Son caractère était rude, ses relations avec ses contemporains s'en ressentirent souvent. Il avait écrit plusieurs livres dont les titres claquaient comme une capuche un jour de tempête : La Montage à mains nues, Professionnel du vide...

Pour plusieurs générations d'alpinistes, bon nombre de ses 114 premières restent des références du haut niveau.

C'est en août 1966, lors du sauvetage des Drus, que le grand public avait découvert cet homme que les photos montraient décoiffé, la barbe de quelques jours couverte de givre. Guide, René Desmaison s'était porté au secours de deux alpinistes allemands bloqués dans la face ouest de cette montagne du massif du Mont-Blanc. Avec quelques grimpeurs francs-tireurs, dont l'Américain Gary Hemming, Desmaison était arrivé auprès des naufragés avant les secours officiels et les avait redescendus sains et saufs dans la vallée. Hemming avait été accueilli en héros, et Desmaison exclu de la Compagnie des guides de Chamonix pour avoir vendu les photos du sauvetage à Paris Match.

Deux ans plus tard, un mémorable direct radiophonique avait fait de lui le porte-voix de l'alpinisme en France : en janvier 1968, il avait passé neuf jours entiers dans la face nord des Grandes Jorasses avec deux radios de 3 kilos pour raconter son ascension matin et soir aux millions d'auditeurs de RTL. " De quoi se compose votre petit déjeuner ? ", demandait le reporter après une nuit de tempête. " De l'eau froide avec de l'eau froide ", répondait l'alpiniste, agacé.

L'année 1971 a marqué la douloureuse apothéose de cette exposition médiatique. René Desmaison est retourné en hiver dans la face nord des Grandes Jorasses, pour ouvrir une directissime avec un aspirant guide aux cheveux longs et blonds, Serge Gousseault. Entre les épisodes de mauvais temps, les deux hommes ont progressé par sauts de puce, de plus en plus lents. Le 22 février, au douzième jour, ils n'était plus qu'à 80 mètres du haut de la paroi, mais Gousseault n'a pas pu continuer. Il est mort d'épuisement. Pendant trois jours, Desmaison est resté suspendu à un piton, s'appuyant sur le corps gelé de son compagnon. Alors que les guides de Chamonix jugeaient le secours impossible, il a été sauvé in extremis par l'exploit d'un pilote d'hélicoptère, Alain Frébault.

Desmaison a publié en 1973 le récit de ce drame : 342 heures dans les Grandes Jorasses. Trente-deux ans plus tard, dans son autobiographie (Les Forces de la montagne, éd. Hoebeke), il laissait entrevoir que cette blessure n'était pas cicatrisée. En racontant son enfance dans le Périgord, il donnait aussi quelques indices sur ce qui avait forgé son caractère : l'admiration et la crainte pour un père aux violentes colères, blessé au crâne en 1917, dont il gardait le livret militaire ; l'amour pour une mère emportée par le cancer juste après la mort de sa soeur aînée, alors qu'il avait 15 ans... et puis les 400 coups : coup de pied dans le tibia de l'instituteur, coup de lime sur le prof au lycée professionnel, coups de poing rageurs sur les rings de boxe. Enfin, après des premières armes en varappe à Fontainebleau, la montagne découverte lors du service militaire chez les chasseurs alpins.

René Desmaison avait quatre enfants. Depuis deux ans, il vivait en solitaire dans le Vercors, au col de Cabres. Malgré le cancer dont il se savait atteint, il continuait à faire du VTT, à escalader, à skier et à se perdre en montagne en suivant des sentes à sangliers. Son dernier bonheur aura été sa réintégration dans la Compagnie des guides de Chamonix, il y a deux ans.

Ses cendres seront dispersées dans le massif du Dévoluy, qu'il appelait " son île ".

Charlie Buffet
Quel rapport avec l'aéro ?
Son sauvetage dans les grandes jorasses par Alain Frébault

http://helicomontagne6.canalblog.com/
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