"L'empire contre-attaque"
Posté : samedi 02 juin 2007 13:05
Voici un copier/coller du JIR, le lien devenant "mort" assez rapidement :
Bonne journéeAir France veut créer un réseau régional
“Sauf obstacle ou contrainte indépendante de l’entreprise, Air France s’engage à baser deux avions à La Réunion dès l’hiver 2008-2009 pour desservir le réseau moyen-courrier local.” L’information émane du principal syndicat des pilotes et mécaniciens de la compagnie. Air France affiche la volonté de reprendre pied Outre-mer. Aux Antilles, la guerre est déjà déclarée à Air Caraïbes. Le front suivant pourrait bien s’ouvrir dans l’océan Indien, face à Air Austral.
[2 juin 2007]
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Ironie de l’histoire, l’année même où Air Austral s’apprête à fêter le trentième anniversaire de la première liaison Réunion-Mayotte par Réunion Air Service, ancêtre de la compagnie réunionnaise, en HS.748 de 32 sièges, voilà qu’Air France annonce son intention de prendre pied sur le réseau régional au départ de Gillot. Cette volonté s’inscrit dans une stratégie globale de développement outre-mer. Elle est déjà en marche aux Antilles (voir par ailleurs) et il se murmure qu’après l’océan Indien Air France pourrait regarder vers le Pacifique. La situation dans les Caraïbes est très différente de celle qui prévaut à la Réunion. Aux Antilles, Air France a toujours eu un réseau local. Dans notre île, la desserte régionale venait dans le prolongement du long-courrier avec les mêmes appareils. La création d’Air Austral en novembre 1990, avec la bénédiction d’Air France participant au capital, entraîne le transfert vers la compagnie réunionnaise des droits de trafic du réseau régional. Les deux transporteurs volent aile dans aile en bonne intelligence jusqu’en juin 2003, date à laquelle Air Austral se met à marcher sur les plates-bandes d’Air France en faisant du long-courrier. Cette dernière finit d’ailleurs par quitter le navire. On pourrait croire qu’Air France rend la monnaie de sa pièce à Air Austral. La manœuvre est plus complexe. Les compagnies d’Outre-mer, Air Caraïbes et Air Austral, font en fait les frais de la création par Air France et KLM de Transavia.com. Cette compagnie à bas coûts a démarré son activité le 15 mai dernier vers des destinations du bassin méditerranéen. Mais là où le coût par passager est de 6,87 centimes par kilomètre sur le même type de distances parcourues chez Air France, Transavia.com est en dessous de cinq centimes par passager/kilomètre. Les personnels navigants d’Air France, au premier rang desquels les pilotes, ont tout de suite senti le danger. En mars dernier, Air France Alpa, qui regroupe le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), le Syndicat des pilotes de l’aviation civile (SPAC) et le Syndicat national des officiers mécaniciens de l’aviation civile (SNOMAC) soit la grande majorité des navigants techniques d’Air France signe un accord avec la direction. En échange du feu vert donné à la création de Transavia.com, Air France Alpa obtient des garanties supplémentaires concernant l’activité moyen-courrier d’Air France. Parmi les points de l’accord, la compagnie s’engage à avoir trois Airbus A.320 supplémentaires en ligne à l’horizon 2011. “Même si cela n’est pas directement connecté à la création de Transavia.com, indique Air France Alpa dans un communiqué syndical daté du 12 mars dernier, ce dernier objectif est rendu possible par l’amélioration du détachement A.320 aux Antilles et à la création d’un nouveau détachement à la Réunion. Un A.320 supplémentaire sera affecté sur le réseau Antilles dès l’hiver 2008. Sauf obstacle ou contrainte indépendante de l’entreprise, Air France s’engage à baser deux avions à La Réunion dès l’hiver 2008-2009 pour desservir le réseau moyen-courrier local : Mayotte, Moroni, Maurice, Madagascar, Seychelles, Afrique du Sud...” Air Caraïbes et Air Austral n’ont qu’à bien se tenir. Outre ses trois Boeing 777 200 ER long-courriers, la compagnie réunionnaise exploite une flotte régionale composée de deux Boeing 737 et d’un ATR.72. Avec l’utilisation du B.777 pour desservir Mayotte, ces trois appareils mis en ligne essentiellement sur Pierrefonds, Maurice, Madagascar et les Comores sont sous-utilisés. L’Afrique du Sud et les Seychelles ne représentent du potentiel qu’en période de vacances scolaires. L’arrivée en force d’Air France ne manquerait pas de déstabiliser Air Austral.
Alain Dupuis
- Aux Antilles, la guerre est déclarée à Air Caraïbes
Contrairement à La Réunion, Air France a toujours eu un réseau régional au départ des Antilles avec des avions spécifiquement basés : Caravelle puis Boeing 737 et enfin Airbus A.320. La montée en puissance envisagée à La Réunion est déjà enclenchée dans les Caraïbes. En novembre prochain, un second Airbus A.320, équipé de 171 sièges, viendra renforcer la flotte locale. Ironie de l’histoire, celui qui préside aux destinées d’Air France aux Antilles n’est autre que Philippe Lacoste, ancien directeur régional de la compagnie à La Réunion. L’objectif est clair. Tailler des croupières à Air Caraïbes, l’équivalent pour les Antilles d’Air Austral à La Réunion. La part de marché d’Air France est passée de 55% à 52%, en raison de la concurrence faite par Air Caraïbes à la fois sur le long-courrier, où elle exploite des Airbus A.330, et sur le plan régional. Air France déploie l’artillerie lourde : des vols quotidiens sur Miami et Port-au-Prince, neuf rotations vers Cayenne et Fort-de-France, trois liaisons avec Saint-Martin, deux avec Saint-Domingue et le Surinam. “L’escale de Pointe-à-Pitre deviendra l’épine dorsale de ce vaste réseau interconnecté, confie Philippe Lacoste. Nous entendons développer les offres de correspondance vers l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et l’Europe.” Avec ses deux A.320, elle espère dégager 20 millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires, avec 100 000 passagers supplémentaires transportés. Actuellement, le réseau régional d’Air France rapporte 30 millions d’euros avec 160 000 personnes transportées chaque année.