En attendant la réponse, une histoire plus récente ( quoique..)
Bon, je me lance, même si une situation drôle ou surprenante pour les uns pourra paraître commune aux autres et si les références « aéronautiques » des handicapés de la voilure ne sont pas forcément les mêmes que celles des voilures tournantes. . .
Cette histoire est un peu longue mais véridique et je vais essayer de vous en recréer « l’ambiance vraiment particulière ».
(Bon, ça y est, j'ai réussi a accrocher votre intéret ? ? ?)
Il y a déjà quelques années, On me demande de faire une EVASAN en pleine nuit pour aller de l’hôpital de D. . . . . ou je suis basé avec une Alouette III ( surnommée le Jambon pour les connaisseurs) pour chercher un accidenté dans un état critique dans un autre hôpital d’une petite ville de province.
Personne dans l’équipe ne s’était jamais posé là bas ni de jour ni de nuit . . . Mais l’hosto n’est pas équipé pour soigner l’accidenté et si on ne va pas le chercher, c’est plus de 3 heures en ambulance par la route….
Pour toute doc. , pour l’approche et l’atterrissage, on dispose d’une photocopie d’une mauvaise photographie de la DZ et l’indication suivante : Hôpital situé en ville au Nord Est, DZ en herbe.
Un rapide calcul nous donne 1h de vol aller et une Heure de vol retour. Au plein maxi nous avons 2h20minutes « tout compris ».
C’est juste, surtout pour une mission de nuit et pas de terrain de dégagement pour refueler hormis notre point de départ. . . Mais bon, la décision est prise et nous voilà partis.
Le vol se passe très bien, malgré une nuit noire au-dessus de la forêt du même nom, pas beaucoup de lumières pour se repérer et le seul moyen de navigation, ce sont les indications station arrière du Radio compas de D…. pour trouver la ville.
A l’arrivée, un tour au-dessus de la ville : Problème, il y a des lumières partout et pas moyen de repérer ce p. . . n d’hôpital ! Au deuxième tour, ne voyant toujours rien, et la jauge à Kero continuant à descendre trop vite à mon goût, je décide de me poser sur le parking d’un supermarché genre Carrefour, désert a cette heure, mais heureusement très bien éclairé et équipé d’une cabine téléphonique.
L’idée, en l’absence de moyens de radiocommunications avec l’hôpital, (c'était avant le portable….) c’est de téléphoner pour qu’un véhicule vienne sur le parking du supermarché nous amener le blessé ou qu’il nous serve de guide pour rejoindre l’hosto.
Au moment de la mise en descente, Ouf de soulagement ! ! ! Le médecin à bord me montre des rotatings bleus et des phares de voitures qui nous indiquent peut-être la DZ de l’hôpital ! ! !
Pas assez de Kero pour refaire un tour et voir si c’est bien ça, ni comment c’est pavé : Approche directe, angle super fort tout en puissance « au cas ou » et poser sur une pelouse en pente, pas très grande avec deux ambulances garées face à face de part et d’autre de la DZ, tous feux allumés et en face une superbe BMW pleins phares.
On coupe, et un homme sympa arrive pour nous accueillir : C’est le directeur de l’hôpital, qui nous entendant tourner au dessus de la ville et étant averti de notre arrivée, a mis en place cet astucieux balisage de fortune. Installant même sa propre BMW au centre du dispositif.
On va chercher notre accidenté dans le service des urgences de l’hôpital : C’est une femme, Accident de la route, elle a heurté un semi-remorque qui venait de se renverser devant elle sur l'autoroute : Multiples fractures de la colonne vertébrale. Il faut plus d’une heure pour la conditionner et la préparer au vol.
A part ce service, tout est silencieux dans l’hôpital, pas un bruit, peu de lumières. Toutes les fenêtres des bâtiments sont éteintes, le seul îlot de lumière après les urgences c’est la DZ qui est toujours dans cette configuration un peu bizarre et surréaliste, légèrement en contre-bas de l’hôpital : Gyrophares bleus des ambulances, feux anticollision rouges et feux de navigations de l’hélico allumés. Le seul bruit que l’on entende en dehors du bruit des roues du chariot à malade que l’on pousse vers l’hélico, c’est le tic tic régulier des gyrophares qui tournent.
On charge avec précautions notre blessée, on parle à voix basse comme pour s’excuser du bruit de l’hélico tout à l’heure.
Dans cette ambiance un peu « spéciale » et quand même tendue, On pense au vol de retour avec, on le sait, juste assez de pétrole et là tout à coup, à 2 heures du matin, sur le mur d'un des bâtiments plongés dans le noir, une fenêtre s’éclaire et l’on entend à fond pendant plusieurs minutes : la musique de la chevauchée des walkyries de Wagner ! ! ! !
Le Directeur en s’excusant, nous indique que cela vient du bâtiment des internes et que c’est certainement l’un d’eux qui fait de l’humour. . .. . . . en adaptant la musique à la situation ! ! !
Pour ma première EVASAN de nuit, Je venais de découvrir ce que l’on appelle « l’humour des médecins".
NB : à l’époque, Apocalypse Now venait de sortir au cinéma et l’attaque du village de la plage par des hélicoptères huey au son de la charge des walkyries était l’un des morceaux de bravoure du film…
Pour la petite histoire, quelques jours plus tard je suis retourné dans cet hôpital pour une EVASAN, mais de jour cette fois. Et c’est là que, en finale d’approche, j’ai vu LA ligne électrique qui marquait l’entrée de la DZ. . . .et que j’avait « sauté » sans la voir de nuit.
RMK : Qu'est ce qu'on peut faire comme c….ries quand on est jeune !
