Pour relancer la "machine"

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C25S
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Pour relancer la "machine"

Message par C25S »

"Anastasie" - Couché.......... (Je peux ?).

Pas de post depuis le 19 février......La sieste est longue.. :?: .

Entendu (ou presque sur la fréquence):

F-XXXX En finale
Le contrôleur: autorisé à l'atterrissage - le vent est calme......
F-XXXX - Comme l'équipage.
Le contrôleur: Correction - Le vent est nul. :lol:

Le contrôleur: Autorisé alignement après le passage du CONVAIR
F-XXXX - Vous précisez la couleur........ :lol:
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Christophe_O
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par Christophe_O »

Merci ! :)
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DC8
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par DC8 »

Merci de relancer vla machine comme tu dis !
Ah! le CONVAIR , cela ne nous rajeunit pas :mrgreen:

Allez, pendant qu'on uy est : le coup de la couleur me rapelle une bonne vielle ( veridique) d'Orly du temps on on ne voyait de la vigie que la derive des appareils qui depassaient du terminal . Pas pratique de savoir qui demandait le push back, surtout quand tu avais 10 Air France identiques parques.
Le vieux truc etait de demander une deflexion du plalonier pour identifier la position du demandeur .
Une jeunette toute fraiche sortie de l'ENAC" en double ,: une demande de push back , et pour faire comme les autres demande : AF 1234, vous pouvez bouger votre queue ? " La reponse fut : " Voila Madame , elle bouge toujours quand on me le demande "
Je vous laisse deviner les demandes de push back suivantes : du genre , "Ma queue est bleu-blanc-rouge , je peux la bouger quand vous voulez Madame..."
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Bobcat
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par Bobcat »

excellente.... :lol:
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Bobcat
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par Bobcat »

Je sais pas si je vous l'ai déjà raconté, mais c'est pour donner un autre éclairage sur certains aspects du boulot de pilote Hélico...

LE SAMU et la 2 Chevaux
Il y a très longtemps, l’Armée française via l’ALAT, Aviation Légère de Armée de Terre, fournissait pendant l’été de juin à septembre 3 hélicoptères Alouette III aux SAMU de Dijon, Montpellier et Toulouse. Plus tard, devant l’efficacité reconnue de l’hélicoptère dans les opérations de secours, le « civil » a pris la main, des budgets ont été trouvés et aujourd’hui, les SAMU héliportés sont devenus monnaie courante en France.
J’avais 21 ans et jeune pilote sur AL III à Compiègne et au mois d’aout, je suis parti avec un jeune Lieutenant et un Margis (Maréchal des Logis) mécanicien faire mon détachement de 15 jours au SAMU de Dijon. Il y avait 2 pilotes et un mécanicien à chaque relève. Les pilotes prenaient l’alerte de jour individuellement à tour de rôle et la nuit les vols se faisaient à deux pilotes obligatoirement. Comme j’avais déjà 50h de vol de nuit et pas le Lieutenant, j’étais qualifié Commandant de bord de nuit et donc le Chef dès le coucher du soleil, mais le jour, le galon reprenant le dessus, c’était le Lieutenant le Chef….
Parmi les anecdotes qui me reviennent en tête de cette époque, une qui m’a marqué et que je voudrai partager : « La 2 CV ».
Etant d’alerte, je suis assis dans la salle éponyme : 3 fauteuils une table basse, une cafetière et un haut-parleur dans le coin du plafond qui relaie les ordres de la régulation. Depuis la fenêtre, je vois l’Alouette III posé sur le « H » devant le SAMU. Dès potron-minet j’ai fait la visite prévol pour être prêt à décoller à tout moment, puis j’ai pris mon petit-déjeuner au réfectoire des internes et j’attends…. A côté de la salle de repos, il y a la fameuse salle de régulation ou sonne le « 15 ». C’est là, que le Médecin régulateur ( qui est un urgentiste), après évaluation , dispatche les moyens du SAMU en fonction des besoins et des disponibilités : Ambulance routière R5 (oui, la R5 de chez Renault avec un ambulancier chauffeur et un médecin urgentiste) pour les bobos en ville , VSAB , Véhicule de secours aux Accidentés et Brulés pour les cas plus graves pouvant nécessiter une hospitalisation ou l’arme ultime des cas graves et plus éloignés : l’Hélico…
Entre la salle de régulation et tout le reste du SAMU, des haut-parleurs pour donner les alertes et appeler les différents personnels, brancardiers, chauffeurs, ambulanciers médecin, infirmiers, Pilote.
« Pour la R5, j’ai un AVP sans TC ni PC rue de Labourdonnais, ça roule » .
« VSAB, un AVP, TC, PC suspicion AVC rue Marboeuf.. »
Après très peu de temps, les abréviations entendues commencent à rentrer :
AVP = Accident sur la voie Publique
TC = traumatisme crânien
PC = Perte de Connaissance
AVC Accident Vasculaire Cérébral
Comme on dit : je suis prêt à, en mesure de …et d’un coup
L’interphone grésille : : « Hélico, Accident sur l’autoroute sud ». On m’appelle en salle de régulation pour la première ou en tous les cas, une de mes toutes premières EVS, EVASAN, Evacuation Sanitaire, de ma vie… : « Un accident sur l’autoroute au Sud de Dijon ». Je prends les coordonnées auprès du médecin régulateur pendant que l’Urgentiste prend les données médicales envoyées par les Pompiers déjà sur place. Je trouve l’endroit sur la carte, évalue à la louche le temps de vol nécessaire et le donne à la « régul » pour qu’elle prévienne les secours déjà sur place de notre estimée d’arrivée. Le mécano, bien qu’il n’en a officiellement pas le droit, (voire même qu’en fait cela lui est interdit, mais il y a prescription…) a déjà mis en route la turbine et m’attend au pied de la machine. C’est lui qui a vérifié que tous les capotages sont bien fermés et que le bouchon du réservoir est bien en place. La confiance règne entre pilote et mécano, heureusement ! Je m’installe aux commandes pendant que le médecin embarque avec un infirmier. Lancement du rotor, vérifications cabine et décollage immédiat de la DZ depuis l’enceinte de l’Hôpital. Après quelques minutes de vol, facile, en suivant l’autoroute, je vois un gros bouchon, les ambulances, les voitures de police et de pompiers. Approche à la Speedy Gonzales, mais avec prudence et nous voilà bientôt posés sur l’autoroute du soleil pas trop loin de l’accident, mais pas trop près pour éviter que le souffle du rotor ne fasse voler les débris. Au passage, j’ai découvert une fois posé sur la ligne médiane que deux voies d’autoroute mesuraient la même largeur que le diamètre d’un rotor d’alouette III.
Pendant que je freine le rotor et coupe la turbine, le médecin et l’infirmier courent vers l’accident, à leur suite, j’apporte mon aide en transportant la deuxième des deux valises d’urgence qui sont à bord et là je découvre l’apocalypse : Papy et Mamie, au moins 180 ans à eux deux, roulaient tranquille dans leur 2 CV modèle 61 quand pour une raison que j’ignore, une voiture remorquant une énorme caravane leur a roulé dessus….En fait, c’est la caravane qui a écrasé tout le côté avant gauche de la 2CV. Mamie est sortie quasi indemne à droite de la voiture, elle est pas mal choquée et après son extractionpar les Pompiers elle est déjà prise en charge par l’infirmier du SAMU. Mais pour Papy, le jambon n’est pas le même ! Lui, il est écrasé et bloqué dans l’habitacle broyé. La 2 CV est toute plate, et la caravane retournée git un peu plus loin. Apparemment le conducteur et les passagers de la voiture tractrice n’ont pas besoin de soins particuliers. De toutes les façons, les Gendarmes et les pompiers s’affairent en avant et en arrière de la 2 CV et empêchent les curieux de s’approcher et je ne les vois pas.
Je découvre les gestes rapides et précis du médecin Urgentiste en intervention. Pendant qu’il s’affaire près du Grand-père, il engage avec lui un dialogue surréaliste (pour moi):
« Bonjour Monsieur, comment vous appelez vous ? Quel âge avez-vous ?» En fait, j’ai appris/compris plus tard qu’il s’en fout complétement du nom du blessé et un peu moins de son âge. Les questions, c’est juste pour s’assurer du niveau de conscience du blessé et créer un lien de confiance.
« Papy, vous avez un dentier ?, oui, donnez-le moi… » La aussi, j’apprends qu’il faut éviter que le Papy « avale ses dents » et que si le médecin devait l’intuber, il ne faut pas qu’il ait de prothèses mobile dans la bouche qui puisse gêner l’opération.
Mais le Papy fait de la résistance : « Non, je ne donnerais pas mes dents ! »
Dialogue de sourd, bref, mais qui finit à l’avantage du médecin qui d’autorité lui met deux doigts dans la bouche et lui enlève son dentier : « Papy on vous le rendra tout à l’heure »… Le médecin évalue en même temps les blessures et commence à poser un masque à oxygène, une minerve, et une « voie d’abord », une perfusion pour pouvoir injecter ce qu’il juge nécessaire au Grand-père. Les pompiers attendent à l’écart, prêts pour désincarcérer le Papy, moi je tiens la perf en hauteur, le médecin s’affaire, quand tout à coup, le Papy gueule qu’il a mal et peu après je vois du liquide rouge, comme du liquide de freins couler du dessous de la 2 CV vers mes pieds. Je le signale au médecin qui est affairé avec le Grand-Père et qui (lui) immédiatement comprend la situation….Il ne me le dit pas, mais on parlera plus tard en salle d’alerte après l’Evasan : Ce n’est pas du Lockheed, mais du sang, le Papy est en train de se vider….Mais par ou ?
Comme le Papy est broyé dans la voiture, il a juste le buste qui émerge coincé entre le volant et le dossier du siège tordu.
Le médecin se penche en avant, farfouille dans les tôles avec sa main, puis m’appelle, me prend la main et me guide à travers les tôles. Ce faisant, je suis penché en avant la perf d’une main en l’air et l’autre enfoncé jusqu’au coude dans la carcasse de la 2 CV… ou de ce qu’il en reste. Le médecin me dit : « appuie là le plus fort que tu peux, ne relâches surtout pas… »
Le militaire que je suis, obéi et appuie fort sans trop savoir ce que je suis en train de faire…, le médecin s’affaire pour conditionner le blessé, il autorise les pompiers qui sont juste à côté à intervenir avec leurs cisailles hydrauliques pour découper la tôle et libérer enfin le Papy de la carcasse broyée…. le Papy, lui est de moins en moins frais et de plus en plus pale et il ne parle presque plus.
Au fur et à mesure que les tôles sont découpées et enlevées par les pompiers autour du Grand-Père, je vois mon bras apparaître et je découvre que j’appuie sur sa jambe au niveau de la cuisse. L’Urgentiste me dira plus tard que l’artère fémorale a été sectionnée ou du moins percée pendant l’accident et que la perf le remplit pendant qu’il se vide….Oui, je sais, c’est un langage un peu rude, mais combien juste. J’ai appris ainsi que ce que j’avais fait était mon premier point de compression.
Finalement dégagé, Installé sur la civière, le Papy reçoit les derniers soins d’urgence pour le préparer au transport, un vrai garrot et on l’installe dans l’hélico pour un retour rapide sur Dijon ou il sera pris en charge dès notre arrivée par le bloc opératoire qui a été prévenu par radio par le médecin.
A peine posé sur la DZ, le brancard à roulettes l’attend et dès le rotor arrêté, il est transféré au bloc opératoire.
J’ai 21 ans, je viens de faire l’une de mes toutes premières interventions en secours routier par hélicoptère, j’ai les mains pleines du sang, (pas eu le temps de mettre des gants), d’un Grand Père inconnu que je n’ai jamais revu et que je ne reverrai peut-être jamais, non pas qu’il soit mort, mais c’est aussi une règle que j’ai apprise au SAMU par les médecins et infirmiers urgentistes : on ne doit pas penser, ni s’attacher à ceux que l’on a secouru , ni pendant, ni après le secours. Si on fait cela, on passe dans l’affectif et on risque de s’attendrir et si on s’attendrit, on perd en efficacité. On ne doit pas se laisser guider par ses émotions mais par son professionnalisme, dans l’intérêt des blessés. C’est un peu dur quand on a 21 ans, pleins d’idéaux dans la tête et encore plein d’empathie pour son prochain…Mais avec du recul, ils ont raison, c’est la seule attitude valable.
Le SAMU….quels souvenirs….
NB : Toute la séquence de soins et désincarcération du Grand-Père n’a duré en fait que quelques minutes. C’est plus long à raconter qu’à vivre…
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DC8
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par DC8 »

Merci pour cette histoire Bobcat ! super . . Je ne conaissait pas ce genre d'intervention , l'aviation qui sauve , il ne faut pas l'oublier.

Il y a quelques annees , deroute et coince dans un bled paume en Arizona a cause d'une tempete de sable, un vieux ( pour moi a l'epoque ) m' a initie au " angel flights " . De l'altruisme pur. A la retraite il uilisait son C172 perso pour transporter des gens dans des bled paumes vers des hostos, et ce gratuitement.
Il avait ete "sauve" par un helico au Vietnam , par un mec qui avait pris des risques pour aller le chercher, et voulait rendre la pareille " to Give back" .
L'amerique c'est aussi ca. pas que des " Trumps"
Pour ceux qui connaissent pas : https://en.wikipedia.org/wiki/Angel_Flight
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par Bobcat »

Je reconnais volontiers que dans mon métier,les moments les plus gratifiants , mais pas forcément les plus faciles, c'est quand tu fais un secours ou juste un transport médicalisé. Tu as vraiment l'impression d'être utile et d'apporter ta pierre... :wink:
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Christophe_O
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par Christophe_O »

Super beau témoignage, merci Bobcat !!! :)
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par C25S »

Je me rappelle une EVASAN Il y a une vingtaine d'années, avec un enfant de 8/10 ans - (Ce dernier avait la phobie de l'eau et des adultes forts intelligents l'avaient "balancé" dans la piscine et bien sur "abandonné" quelques instants)....Retour avec la mère à bord.........Il a fallu pour l'équipe médicale en plus de l'enfant - donner un somnifère à la mère pour avoir la paix....Elle n'arrêtait pas d'hurler........(Pas drôle ce genre de vol.......Heureusement très rare.
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par Bobcat »

Je vais plomber l'ambiance....il y a des années, un dimanche de pluie... on me demande d'aller de Bora Bora à XXX pour récupérer un enfant blessé. Puis de XXX les emmener à NTTR.
PAs de médecin disponible au départ de Bora, , je dois donc embarquer l'infirmière du dispensaire au départ de XXX
Je sens bien le coup qui pue, mais difficile de dire non : pas de médecin, je décolle pas...Mais puisqu'il y aura l'infirmière sur le deuxième tronçon avec le malade..je décolle..

Alors je décolle seul dans une MTO pourrie , en Al II monomoteur sans GPS et juste une VHF et un RC pour une Nav triangulaire d'une 100aine de NM au dessus de l'océan pacifique. Comme juste après le passage du récif, je distingue la montagne de XXX à l'horizon ( 30 NM) , je me détends un peu...

Arrivée sur le village, Posé sur le quai, près du dispensaire. L'infirmière arrive dans son Pick-up 404 Peugeot faisant fonction d'ambulance avec une mère et son enfant dans les bras. MAis elle me dit qu'elle ne peut pas venir avec nous car elle a une autre urgence à gérer et que si elle part, le dispensaire n'as plus de personnel....
Donc, j'avais bien senti venir le coup pourri....Parce qu'il est IMPÉRATIF et légal pour des raisons que tout le monde comprend bien d'avoir un personnel à bord médical en Evasan. Là, je me suis fait baiser, mais c'est trop tard...je peux pas lui dire non et la planter avec son malade...Donc, je me retrouve à prendre la responsabilité du vol sans personnel médical pour rejoindre NTTR à 50NM.
Je fais installer la maman sur le siège avant , à côté de moi avec son BB dans les bras. Le BB, 3 ou 4 ans, à un morceau de bois planté en pleine poitrine. Un pansement tout autour pour l'immobiliser. Sa maman me dit qu'il jouait dans la cour et qu'il est tombé sur le morceau de bois.
PAs de ceinture pour le BB, de toutes les façons, il est trop petit et à peine conscient... je décolle vite fait, met le cap sur RFP, la balise de Raiatea et je tente un appel à " Tahiti contrôle" qui est à 180 NM, en VHF pour l'informer du décollage de Maupiti. C'est la procédure puisque XXX n'est pas dans la CTR de bora bora et que je n'ai PAs de HF car on est en dérogation, car ça pèse 80 kilos+ l'antenne.
Comme je vole trop bas à cause de la MTO....PAs de réponse, je tente alors la tour de Bora qui me répond et qui me prend en charge : je lui annonce mon estimée sur Raiatea NTTR.
Le temps de passer les appels, je vois la maman qui allait bien jusque là se mettre à pleurer à chaudes larmes, son BB dans les bras.. Je finis mes contacts radio et je tente de la consoler croyant qu'elle pleure pour son BB..... En fait, elle m'avoue que c'est la première fois de sa vie qu'elle monte dans un engin volant ET qu'elle sort du lagon de Maupiti...Quand elle découvre l'immensité de l'océan, pourtant limité à cause du plafond et de la visi, elle s'écrie : " iha, c'est grand la mer, ça fait peur PeÏ"
Les 50 NM et donc environ 40 minutes entre Maupiti et Raiatea sont longues surtout quand la TWR de Bora me demande de la rappeler en passant travers la pointe sud et que je ne vois même pas l'île sous les grains... Je trace ma route au RC en faisant bien attention de confirmer le cap au compas, vu les orages qui trainent dans le coin.. Je suis "libéré" par Bora et je prend contact avec Raiatea. Avec une seule VHF, obligé de quitter une fréquence pour aller sur l'autre, tout en surveillant l'horizon qui n'est pourtant pas bien loin, vu la visi. Raiatea ne répond pas, je repasse sur Bora qui appelle au téléphone Raiatea pour qu'il me prennent en charge. Je refais un nouvel essai et en tournant la tête, je vois la maman qui a arrêté de pleurer, qui est comme hypnotisé par la vue du ciel gris et là, je vois le BB avec la tête pendante comme si il dormait. Mais hélas, par expérience, je sais que ce n'est pas du sommeil, la tête pendante, le relâchement du corps, tout indique qu'il ne dort pas...
Je rappelle encore une fois NTTR qui enfin me répond et m'annonce qu'il y a les minimas sur le terrain et me demande de rappeler passant "le cocotier" , un point de repère qui n'existe sur aucune des cartes d'approche à vue mais qui est connu des pilotes du coin. C'est un minuscule îlot perdu sur le récif sur lequel Antoine ( le Chanteur) avait fait planter un cocotier pour les besoins d'un tournage bidon. Antoine est parti depuis des années, mais le cocotier est resté..
"WILCO", mais comme je vois pas le récif...je continue sur le RC et au pif, passant enfin le récif, je m'annonce "le cocotier"..Rappelez moi en finale.
Je demande la confirmation de l'ambulance au pied de l'antenne : Juste en face de l'hôpital, il y a un terrain en herbe avec une immense antenne de radio communication . C'est là qu'on se pose . Je poursuis vers le terrain en suivant l'aiguille comme il n'y a que moi en l'air, je confirme la directe sur l'antenne, je me pose, l'ambulance est là. L'infirmier et le médecin viennent prendre en charge la maman et le BB. A leur tête en prenant le BB en charge, je sais que mon diagnostic était malheureusement bon. Je prends le médecin à part et d'un regard vers le BB je lui fait comprendre la situation et il acquiesce d'un hochement de tête , on se sert la main, je remonte dans la machine et lui repart vers l'hôpital. C'est pour moi un soulagement. J'ai déjà eu assez de stress et d'emmerdes aujourd'hui et je n'ai pas envie de revivre tout ça en remplissant de la paperasse pour expliquer pourquoi , contrairement à toutes les règles, j'ai fait une EVASAN sans personnel médical .
Je ne suis pas sur que la présence à bord d'un médecin ou d'une infirmière aurait changé quoique ce soit pour le BB , mais depuis ce jour là je ne décolle jamais sans...
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par DC8 »

Pas joyeux en effet :cry: mais illustre bien les choix que l'on doit faire dans des cas non-ecrits dans le bouqin. Ta situation etait perdante des 2 cotes, si tu rentrais a vide (cause pas de perso medical) et que le BB decedait sur son ile , on t' aurais sans doute dit que si tu l'avais emene il aurait eu une chance, etc..
Le truc c'est de ce desolidariser totalement de l'evenement. Tu n'es pas responsable de la situation, d'autres le sont. . Mais je pense que tu as appris la lecon , comme nous tous au debut de nos carrierres. .
Une des plus grandes lecons que j'ai recu . ce fut la visite d'un viel instructeur sur mon lit d'hosto apres un accident dont je me sentais responsable : Il m'a dit : n'oublie jamais quand dans ce boulot " shit happens" cela fait partie du boulot , Tu revoles la semaine prochaine.
Ruminer ce que tu aurais du faire , etc.. ne resoud rien , juste encombre le cerveau.

Oh combien vrai !
Safe landings Bobcat
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Re: Pour relancer la "machine"

Message par JumpSeat »

Témoignages émouvants...
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Message par Bobcat »

Ma Grand-mère me disait toujours : "apprend" n'arrètes jamais d'apprendre car tu apprendras même la mort
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